La philosophie : un savoir voué à l’oubli ?
Le simple fait d’évoquer la philosophie peut faire peur à un grand nombre de personnes. C’est le souvenir d’heures passées à se creuser les méninges sur des questions sans réponses, de raisonnements sans fin, fait de doctrines de thèses complexes.
C’était l’une des bêtes noires de la filière Littéraire en Terminale avant la réforme du bac qui en a fait une option au sein d’un même bloc d’enseignement nommé “humanités, littérature et philosophie (HLP)”.
La philosophie a une image poussiéreuse : celle de vieux sages à barbe se triturant les méninges au-dessus de vieux livres. De leurs pensées sortent des questions aux réponses infinies : qu’est-ce que le bonheur ? Quel est le sens de la vie ? La culture nous rend-elle plus humains ?
Tous les ans, lors des écrits du baccalauréat, les sujets de dissertation de philosophie font sourire à la télé tant ces questions nous semblent lointaines, abstraites. Mais y répondre relève souvent d’une réflexion poussée et différente pour chaque esprit qui s’y attarde.
La licence de philosophie attire tous les ans des milliers de jeunes diplômés, mais le titre de philosophe ne s’obtient pas en restant sur les bancs de l’école. Tout comme le diplôme ne fait pas l’intelligence, il ne fait pas non plus le philosophe.
Car cette figure du philosophe est entourée d’une aura de mystère, le devenir après quelques années passées à l’école serait trop simple. Ce rôle de grand sage qui dispense son savoir dans un acte de générosité au commun des mortels se construit.
L’opinion commune conserve cette image du philosophe semblable à ceux que l’on connaît le plus, l’image des sages des Lumières et de l’Antiquité. Qui pourrait les blâmer ? Car après tout, nous parlons ici de vingt-cinq siècles de débat sur des grandes questions concernant entre autres l’amour, le bonheur et la morale. Vingt-cinq siècles de questions sans réelle réponse, si ce n’est de brève solution différentes pour chacun. En cela la philosophie peut paraître trop abstraite pour être concrète. A quoi bon se poser des questions qui n’ont pas de réponses ? Pourquoi apprendre des termes et des définitions complexes pour rester sur la ligne de départ ?
C’est là le paradoxe de la philosophie : détentrice d’une image dorée de la culture française tout en étant bien trop abstraite et élitiste pour être considérée comme utile pour la plupart des gens.

Illustration représentant Socrate, père de la philosophie
Mais à quoi sert la philosophie de nos jours ? A-t-elle toujours une place dans notre société moderne ou est-elle vouée à rester au rang d’enseignement et d’apprentissage ?
Les origines de la philosophie :
Le terme “philosophie” est né après l’existence de celui communément appelé le père de la philosophie, Socrate. C’est son élève Platon qui introduit ce nouveau terme, celui de filos de philo, aimer et sofia, sagesse. Littéralement, l’amour de la sagesse.
Il serait difficile de lui donner une véritable définition tant le principe même de la philosophie est subjectif à chacun. Le Larousse ne donne pas moins de huit définitions différentes de la discipline, il serait aisé de s’y perdre et de ne faire de cette pratique qu’un apprentissage cantonné aux bancs de l’école.
Mais ce ne sont pas de simples leçons et dictons qui ont permis à la philosophie de tracer un chemin à travers vingt-cinq siècles d’histoire humaine. Après tout, la naissance de la philosophie est inhérente à l’existence de l’homme. On pourrait résumer la discipline à simplement penser, réfléchir et poser des questions. Cela se fait sans initiation à la philosophie. Un enfant va naturellement poser des questions métaphysiques (en philosophie, discipline qui traite les questions sur l'être et les premiers principes) telles que : c’est quoi la mort ? pourquoi j’existe, dans quel but ? Pourquoi je ressens ceci ou cela ? Ces mêmes questions sont le socle de réflexion des plus grandes figures du domaine.
De ces questionnements au premier abord banals, grandissent des théories, des philosophies de vie et des doctrines qui deviennent plus tard des références de sagesse dans le domaine.
Mais que se passe-t-il alors entre l’enfance et l'âge adulte, pourtant appelé âge de raison, pour que la philosophie se retrouve si loin dans les sujets de réflexion de la vie courante?
Beaucoup d’entre nous voient la philosophie au mieux comme des questions sans réponse, au pire comme des cours compliqués sur des doctrines aux noms et aux théories complexes.
L'apprentissage de la philosophie
Sans être tous philosophes, la plupart des gens ont étudié la philosophie à l’école, notamment au lycée. Cette discipline intervient tard dans le cursus scolaire : avant la réforme du bac de 2021, on ne pouvait commencer l’étude de la philosophie qu’en terminale. Un total de 8h par semaine pour l’ancien bac littéraire, 4h pour le bac économique et social. Quant aux bacs technologiques, ils reçoivent le même enseignement des matières générales, à raison de deux heures de philosophie par semaine à partir de la terminale. Mais que se passe-t-il durant ces quelques heures hebdomadaires ? Divers sujets sont abordés, de la morale à la politique, en passant par l’éducation et la religion, la science et la culture qui ne sont pas en reste.
Les lycéens étudient les différentes doctrines des grandes figures du milieu : celles dont les noms nous sont tous familiers sans toujours savoir pourquoi : Descartes, Rousseau, Socrate et Aristote, Kant et Schopenhauer. On apprend à disserter, c’est-à-dire proposer une discussion littéraire à propos d’un sujet particulier qui peut être sur l’Histoire, la littérature ou en l’occurrence la philosophie.
Ce sont d’ailleurs les sujets de dissertations du baccalauréat qui font le plus réagir courant juin, lors de la publication des sujets le matin de l’épreuve. Cette année, les trois sujets étaient :
- Discuter, est-ce renoncer à la violence ?
- L’inconscient échappe-t-il à toute forme de connaissance ?
- Sommes-nous responsables de l’avenir ?
C’est alors l’heure de gloire de la philosophie : des dizaines d’invités de tous milieux se prennent au jeu de la dissertation et proposent leur propre doctrine à chaque question posée. Philosophes ou non, chacun y va de sa réflexion.
La philosophie dans les médias
Le même ballet se danse sur les plateaux : éditorialistes, essayistes ou polémistes s’installent devant les caméras et se prennent au jeu de la dissertation, proposant leur doctrine à chaque question posée. Parfois, un philosophe est invité. Présenté en tant que tel, ce titre de philosophe lui donne toutes les cartes pour le laisser parler et être écouté par le plus grand nombre. Rare sont les adversaires lors de l’intervention d’un philosophe sur un plateau. Le philosophe dans les médias est là pour étayer sa doctrine, donner son avis sur des sujets divers et variés, pas pour débattre. Ce rôle est laissé aux éditorialistes et autres polémistes. Parfois ce sera la philosophie qui sera évoquée durant son intervention, parfois ce seront des sujets plus délicats, exigeant plus de connaissances dans un domaine particulier.
Ce fut le cas lors de la pandémie de Covid-19. Le brassage médiatique à ce sujet fut quotidien, tous les aspects de la pandémie ont été traités partout et par tout le monde. Les scientifiques, les médecins, les politiques, les citoyens, les infirmiers, polémistes et essayistes, tout le monde a donné à son tour son avis et ses solutions. Les philosophes n’ont pas échappé à cette invitation.
Des noms reviennent de façon récurrente : Michel Onfray, Bernard Henry Lévy ou encore Etienne Klein. Des noms connus du grand public, dont les interventions fascinent toujours, que ce soit à la radio, sur les plateaux des grandes chaînes de télévisions ou dès la parution de leurs ouvrages. Ces figures médiatiques ne sont pas souvent présentes sur les canaux de distributions par hasard : présentés sous l’étiquette de philosophe, leurs paroles quelles qu'elles soient sont automatiquement entourées de l’aura de sagesse que possèdent les mots des philosophes. Cette figure, bien que souvent délaissée dans la vie de tous les jours, conserve toujours cette parure du savoir, celle d’une personne cultivée et sage, qu’il convient d'écouter. Et quand bien même nous ne sommes pas d’accord avec les idées avancées par le philosophe, le personnage captive par son éloquence et la maîtrise de la langue. Littéralement, la maîtrise de la rhétorique. C’est l’art de savoir parler, de savoir persuader un auditoire. Mais est-ce là le rôle de la philosophie : persuader ?
Quoiqu’il en soit, cette maîtrise de langue permet également au philosophe médiatique de capter l’attention de l’auditeur. A la différence des grandes œuvres de la discipline tel que le Discours de la méthode de Descartes, le philosophe moderne sait user autant du registre familier que soutenu. C’est peut être là où les œuvres classiques de la philosophie antique et des Lumières perdent du public. Un message parfois simple camouflé par des tournures de phrases et un parlé complexe, souvent rédhibitoire pour la plupart des gens. Le philosophe médiatique partage ses idées sur les grands canaux de communication : il se doit d’être compréhensible par le plus grand nombre. Il peut jurer, utiliser du vocabulaire familier sans entacher son étiquette de philosophe. Son seul titre agit comme une garantie de sagesse, peu importe le ton ou le vocabulaire utilisé, étant donné qu’il sort de la bouche de quelqu’un considéré comme “fiable”.
On écoute le philosophe parce qu’il est philosophe. Le même personnage ayant le même discours présenté comme un simple polémiste aurait-il le même succès auprès du public ? Son avis serait-il toujours incontesté ou du moins légitimé par son statut ?
Car c’est peut être aussi là le piège du philosophe dans les médias : son aptitude à pouvoir dire tout et n’importe quoi car protégé par son titre de philosophe.
La philosophie remise au goût du jour
Si la philosophie classique est toujours un sujet abstrait pour beaucoup de monde, il existe néanmoins des solutions pour la rendre plus accessible au grand public. Bergson le dit d’ailleurs : “ il n’y a pas d’idée philosophique, si profonde ou subtile soit-elle, qui ne puisse ni se doit dire dans le langage de tout le monde”.

Vidéos Youtube pour aider les révisions au bac de philosophie sous forme de couplet de rap - Cyrus North et PV Nova
La philosophie peut facilement paraître élitiste. Elle utilise souvent un langage soutenu, parfois alambiqué et traite de sujets pouvant paraître trop lointains pour la plupart, trop abstraits. En ce sens, la philosophie a cette image de science inutile, de masturbation intellectuelle. Elle est souvent réduite à des problèmes que l’on pose simplement pour le plaisir d’y réfléchir. Dans le livreL’amour de la sagesse de Bruno Giuliani, un chapitre entier se nomme d’ailleurs “en quel sens la philosophie ne sert à rien”. Dans cet ouvrage, l’auteur tente d'expliquer le but, le sens et la méthode de la philosophie, mais il se demande tout de même pourquoi beaucoup de monde tend à dénigrer cette discipline pourtant noble.
Plusieurs arguments y sont développés :
Elle ne sert à rien car c’est un domaine personnel, qui ne changera que moi et personne d’autre. Ainsi, elle ne peut pas changer le monde ni bousculer les mœurs. De plus, la philosophie est un discours purement théorique : elle n’est qu’un dialogue, souvent avec soi-même, parfois avec quelqu’un d’autre. Mais elle n’est pas rentable, ne produit rien de concret sinon des maux de tête. Léon Brunschvicg, historien de la philosophie française, disait que la discipline était la science des problèmes irrésolus. Enfin, un contre argument vient soutenir cette idée de la philosophie inutile, c’est qu’elle ne rend pas les hommes meilleurs. Des centaines d’années à se questionner sur la morale et les moyens d’être un Homme bon sans pour autant cesser les guerres et les conflits. Cette hypocrisie évidente entre le raisonnement et l’action est effectivement un argument réfutant l’utilité de la philosophie. Dans la suite de ce bref chapitre, l’auteur argumente dans le sens contraire en prouvant que la philosophie est effectivement utile à l’homme.
Il est difficile de nos jours d’enseigner, de passionner les foules par des textes anciens et poussiéreux. Les paroles de nos sage aïeux ne passionnent guère plus. Elles ne parlent pas à la jeune génération. Et même si le message peut effectivement parler à notre époque, la façon de le présenter n’est pas forcément accessible aux codes des générations contemporaines.
Mais la philosophie n’est pas morte pour autant. “Peut-elle seulement mourir ?” pourrait-on se demander. La matière est souvent délaissée après le lycée, sauf si l’on se dirige vers un cursus littéraire. Comment remettre la philosophie au goût du jour ? Comment parler de Socrate et de Kant à des générations bien différentes de celles de la Grèce antique et du XVIIIe siècle ?
Certains se sont donné la mission de dépoussiérer la discipline en l’intégrant à la pop culture. Ils ont pris des bases de notre culture moderne, des personnages que tout le monde connaît et partagent ensuite leurs créations sur les nouveaux canaux de communication que sont les réseaux sociaux.
C’est le cas par exemple du livre In pop We trust, de Marianne Chaillan. Dans son ouvrage, elle reprend les grandes figures de la pop culture telles que Dark Vador ou le Joker pour se pencher sur les fameuses questions du bien et du mal, de la morale et tous les autres domaines de la philosophie. L’auteure est d’ailleurs à l’origine de plusieurs de ces nouvelles rampes vers la philosophie en proposant des livres tels que “La playlist des philosophes”, ou encore Game of Thrones, une métaphysique des meurtres.

Quelques-uns des titres de l’auteure Marianne Chaillan qui adapte la philosophie aux phénomènes de pop culture contemporaine.
Les nouveaux médias se mettent également à l’initiation à la philosophie en proposant des vidéos courtes visionnables facilement sur les réseaux sociaux tel que Konbini. Le média propose des vidéos de philosophie de moins de 10 min nommées Philo ou B20. Dans ces courtes interviews, les intervenants doivent dire si les citations données proviennent de rappeurs ou de philosophes. Cette façon de lier ainsi la musique moderne et la discipline ancienne permet de toucher un plus grand public qui ne se sentirait pas forcément concerné au premier abord par les thèmes abordés par la philosophie classique.
Dans la même veine, des chaînes youtube se sont développées autour de ce domaine afin de faciliter la compréhension de la discipline pour un public plus jeune et plus réceptif à ce type de média. La chaîne youtube de Cyrus North avait pour première ambition d'aider les révisions du bac de philosophie et s’est peu à peu muée en une série de vidéos traitant de problèmes plus modernes comme (par exemple) l’addiction aux nouvelles technologies . Ces vidéos traitent de sujets bien plus impactants pour les plus jeunes générations mais permettent aussi d’ouvrir l’esprit à des réflexions philosophiques que le créateur de contenu s’efforce d’évoquer au fil de ses expériences.
De même, la chaîne youtube Monsieur Phi traite elle aussi de la philosophie dans tous les domaines afin de permettre une approche moins académique de la matière. Ces vidéos sont une nouvelle porte d’entrée vers cette discipline qui est parfois condamnée à une image poussiéreuse et trop ancienne pour être pertinente.
Ce coup de jeune de la philosophie peut également être perçu. dans les nouveaux modes de consommation. Les livres sont toujours efficaces lorsqu'il s’agit d’apprendre de nouvelles choses mais la nature de ce que nous lisons évolue avec notre temps. Et s’il est bien un rayon dans les librairies qui fait fureur, c'est celui du développement personnel.
C’est là un sujet sensible pour les philosophes qui ne considèrent pas ces nouvelles méthodes de conditionnement de la pensée comme de la philosophie. Cependant, les livres de développement personnel semblent porter en grande estime la discipline qu’ils citent dès que possible au travers de leurs ouvrages. Des citations célèbres de philosophes deviennent preuve d’une méthode pour être plus heureux ou plus productif. Le fameux “ connais toi toi-même" de Socrate qui porte une place importante dans le milieu du développement personnel. La philosophe Julia De Funès le répète : le développement personnel n’est pas de la philosophie, elle ne fait que l’imiter sans vraiment y apporter des éléments supplémentaires. Dans le développement personnel, la philosophie n’est utilisée qu’en tant que preuve pour étayer des idées purement théoriques .
Mais après tout, le but de la philosophie n’est-il pas d’ouvrir l' esprit ? De permettre de devenir plus sage et en meilleure cohésion avec soi-même? Si le développement personnel est un chemin vers la même destination, doit-on le dénigrer car moins noble que la discipline antique ?
Pour plus d’informations sur le développement personnel, Décryptage Citoyen International a écrit un billet décryptage spécialement pour vous.
L’avenir de la philosophie
Finalement, c’est peut-être là l’évolution de la philosophie. La discipline n’est pas morte : c’est l’une des institutions éternelles de l’Homme aux côtés des mathématiques, des sciences et des mythes entre autres. Toutes sont inhérentes à l’esprit humain et ne disparaîtront qu’avec lui.
La culture et les mœurs du XXI sont bien particulières, et nous sommes à une époque de changement. Un enseignement dans les mêmes codes du XVIIIe serait contre productif. Bien que son étude perdure toujours au sein de l'éducation, sa pratique se fait plus rare. On ne peut pas vivre simplement en philosophant. Ou alors il faut écrire à ce sujet, publier des livres ou animer des conférences et des classes, mais cela n’est pas à la portée des philosophes en herbe.
C’est là aussi la beauté de la pratique de la philosophie : chacun peut s’y mettre quand il veut, peu importe son âge ou sa profession, peu importe son origine ou ses convictions. La philosophie n’est pas une science, pas plus qu’elle n’est un savoir, c’est un constant apprentissage de soi pour mieux comprendre les autres. Michel de Montaigne disait à ce sujet : “quand bien même nous ne pouvons être savant du savoir d’autrui, au moins sage ne pouvons être de notre propre sagesse.”
Décryptage Citoyen International a pour but principal de décoder l’actualité,
pour un citoyen plus éclairé
Norma Legendre, rédactrice en chef chez Décryptage Citoyen International"
Le 14 Mars 2023
Pour aller plus loin :
L’enseignement de la philosophie au lycée est-il en danger ?, France Culture
Fin de la philosophie au XXe siècle, Le Devoir
Couverture de la crise sanitaire par les médias au Québec, Le Devoir
Le pouvoir des médias et la couverture médiatique de la crise du Covid-19 - Ludovic B - Chaîne Youtube
Les philosophes dans les médias, Cairn.info
Site internet incluant la philosophie dans les réflexions du quotidiens (en italien), lachiavedisophia
Articles, enquêtes et rapports cités dans ce billet décryptage :
Programmes et horaires au lycée général et technologique , Service public
Statistiques sur les genres littéraires les plus lus en France en 2019 - Statista
Conférence sur le développement personnel et son lien avec la philosophie, Julia de Funès et Yves Cusset - Youtube
Statistiques sur le nombre d’agrégations en philosophie en 2020 - devenirenseignement.gouv
Sources utilisées pour la rédaction de cet édito :
Les philosophes médiatiques dans les domaines d'expertise, Medium
Illustration de couverture, lachiavedisophia
Définitions philosophie : Dictionnaire en ligne Larousse
Livre L’amour de la sagesse, de Bruno Giuliani
Chaine Youtube Monsieur Phi
Chaine Youtube Cyrus North